
Le Moyen-âge
Le château, dont la tour, haute à l’origine de 38 mètres, tourne vers la route des Crêtes son éperon, présente aujourd’hui un ensemble assez hétérogène.
Outre le donjon, le château médiéval possédait, au pied de la falaise, une muraille encadrée de deux portes dont le système de défense est encore visible dans la tour ouest et d’importantes structures troglodytiques : magasins, salles d’armes, escaliers.


La Renaissance
À la Renaissance, les Silly donnèrent de l’ampleur au château en ouvrant de nouvelles fenêtres sur la façade sud du corps de logis et en créant notamment les terrasses soutenues par les arcades visibles dans la cour des écuries.
Aux XVIIIème et XIXème siècles
C’est au XVIIIe siècle que fut profondément remaniée l’architecture du château. Ces grands travaux furent l’œuvre du duc Alexandre de La Rochefoucauld et de sa fille la duchesse d’Enville. L’architecte Louis Villars en fut le réalisateur.
La cour du bas, dite des écuries, entourée de douves, est close par un magnifique portail aux armes des La Rochefoucauld.
Observant depuis ce portail, on trouve successivement d’ouest en est : les écuries du XVIIIe siècle, la tour carrée du château primitif alors qu’à l’autre extrémité de la façade, la tour ronde est maintenant masquée par un bâtiment carré du XVIIIe siècle à trois étages : le pavillon Fernand.
Le potager
Le potager a été créé en 1741 comme un jardin d’agrément et d’utilité.
Cette appellation générique de “potager”, recouvre en réalité, comme à Versailles, l’association d’un jardin de légumes et d’un jardin fruitier.
L’originalité de celui de La Roche-Guyon, ce qui en fait le caractère exceptionnel, c’est d’abord son implantation sur l’axe principal, entre le château et la Seine, comme élément majeur de cette composition monumentale.
Sa restauration, selon les plans originaux du XVIIIe siècle, a été achevée en 2004, après près de huit années de préparations et de travaux.
Il est gratuit et ouvert au public.
L’étage principal du château qui s’ouvre sur les plus hautes fenêtres de la façade, était tout entier réservé aux réceptions, pour la duchesse d’Enville et ses hôtes de prestiges.
On y trouve d’est en ouest : la salle des gardes, la salle de billard, le petit salon.
Dans le prolongement des salons, on accède à une magnifique bibliothèque.
Au-delà de la tour carrée, on accède au grand salon, suivi d’un petit boudoir et une chambre.
C’est dans le grand salon que se trouve, de nouveau, la suite des tapisseries des Gobelins, de 1769 : “L’Histoire d’Esther” commandée par la duchesse d’Enville.
C’est donc dans ce cadre qu’aimaient à se retrouver les hommes et les femmes éclairés du XVIII siècle, comme Turgot, Condorcet, ou même Jefferson…
Le site a été un des pôles des “Salons éclairés” du siècle des Lumières d’abord avec le duc Alexandre de La Rochefoucauld, qui construisit le potager, puis avec sa fille la duchesse d’Enville qui a embelli la demeure.
Ont aussi séjourné des hommes aussi célèbres que Condorcet, Turgot, B Franklin, W. Jefferson, ou bien encore Lamartine et Victor Hugo.
À la suite de l’assassinat le 4 septembre 1792, du seul fils de la duchesse, Louis-Alexandre, duc de La Rochefoucauld, le domaine devait passer à son épouse Alexandrine-Sophie et à Louis-Antoine de Rohan-Chabot, duc de Rohan qui avait épousé Elisabeth-Louise de La Rochefoucauld.
Leur fils, Alexandre-Louis, le reçu après avoir passé un pacte du 8 janvier 1808 avec sa soeur Alexandrine-Sophie. Puis, en 1816, son fils, Louis-François-Auguste, duc de Rohan, arrière petit-fils de la duchesse d’Enville, aussi connu comme, Cardinal de Rohan, hérita du domaine.
Celui-ci le vendit, le 31 juillet 1829, à son cousin, François-Armand de La Rochefoucauld (François XIII), fils de François-Alexandre de La Rochefoucauld, fondateur entre autre de l’école des Arts et Métiers, et donc petit neveu de la duchesse d’Enville puisqu’il était le petit fils de Marie de La Rochefoucauld, soeur de la duchesse d’Enville. Le domaine de La Roche-Guyon restait ainsi dans la famille La Rochefoucauld.
Siège du duché (deux fois érigé en duché-pairie), La Roche-Guyon fut, sous l’Ancien Régime et jusqu’en 1848 un centre économique important, doté de deux marchés hebdomadaires et de deux foires annuelles.
Au XIXe siècle les peintres impressionnistes se sont inspirés du site et des alentours, notamment Giverny qui est à 7 km de La Roche-Guyon.
Les combes qui avaient été agrandies par la duchesse d’Enville, afin d’augmenter la surface d’accueil en ajoutant un étage, ont été reconstruites en supprimant cet étage. Le toit retrouve alors son aspect du XVIIe siècle.
Le XXe siècle
En février 1944, le Maréchal Rommel réquisitionna le château de La Roche-Guyon, et son village pour y loger ses troupes. Le château devenait alors son quartier général.
Rommel utilisait l’étage des salons, de la chambre dite de la duchesse Zénaïde et de la grande bibliothèque. Il appréciait tout particulièrement la terrasse avec la vue sur la Seine.
Le village et son château furent libérés par les Américains du 23 au 29 août 1944, après plusieurs offensives.
Aujourd’hui, son site exceptionnel, enrichi de son important patrimoine architectural en fait un lieu touristique privilégié et il est ouvert au public.